Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

  • : Prune Victor
  • : P.S. PRUNE est le blog de Prune Victor. Insolent, licencieux, torturé, amoureux, tendre, colérique, décapant, corrosif et en ligne(s)
  • Contact

VENTS CONTRAIRES.NET

 

Et les textes chez Vents Contraires, la revue collaborative du Théatre du Rond Point

images-1

Recherche

ANGOISSE ...

Par un coeur que la dent d'aucun crime ne blesse, 
Je fuis, pâle, défait, hanté par mon linceul, 
Ayant peur de mourir lorsque je couche seul.

Mallarmé


Notre devoir n'est pas de nous débarrasser du fou, mais de débarrasser le fou de sa folie. 

Si nous commencions ? 

Albert LONDRES

Chez les fous

(ed. Arléa)

29 septembre 2011 4 29 /09 /septembre /2011 08:19

Et vous irez crier que vous n’êtes pas compris, que vous n’êtes que dénigré, bafoué, mis au ban d’une société trop disparate ou futile pour que vous y trouviez votre place.

Et vous irez vous plaindre, seul, devant votre glace.

Vous irez gémir sur vous, complaisant avec l’humanité dont vous vous croyez investi et la vérité que vous pensez détenir.

 

Pauvre vilain petit canard…

 

Vous voilà pataugeant seul dans votre mare. Vous avez su la vider. Vous vous défendez de l’avoir voulu. Vous vous révoltez, vous dites ne pas avoir été cru. Mais cru, de quoi ? D’être le seul à détenir le bon droit ? D’être le seul à pouvoir dire, à être par avance justifié, excusé, de prononcer des paroles tranchantes comme des couperets, jetées arbitrairement à la face de gens qu’à peine vous connaissez ?

 

Donneur de leçon, faiseur de morale, vous avez éloigné de vous ceux qui vous portaient de l’intérêt. Certains ont fui. D’autres, lassés, ont continué de regarder le pitoyable spectacle que vous leur offriez, comme cruellement on observe son bourreau s’enfoncer dans des sables mouvants jusqu’au torse, jusqu’aux épaules, jusqu’aux yeux, jusqu’à l’étouffement. Guettant les derniers instants, le dernier souffle, témoins impatients et curieux de votre déchéance. Comme on regarde le roi despote abdiquer, fuir, attendant Varennes pour l’attraper et le condamner.

Les derniers étaient déjà partis, trop respectueux pour rester spectateurs de votre gloire défunte, trop détachés pour se moquer ou blâmer, trop sains pour vous regretter ou vous pleurer.

 

Et vous battez des ailes, agitant votre tête, et claquant du bec, cherchant encore à pincer le curieux qui pourrait s’approcher. Mais vous ne pincez plus que le vide, jeune vieillard au cœur aride, précoce miséreux, mendiant de légèreté et de tendresse.

 

Il vous manque cependant le don offert au vilain petit canard. Il était promis à la grâce. Du cygne, vous n’en avez que l’air prétentieux et le long cou arrogant. Qui impressionnez-vous encore ? Contre quoi vous battez-vous, lorsque vous vous jetez sur ce qui vit autour de vous ?

 

 

Etes-vous encore vivant ? 

Partager cet article
Repost0

commentaires