{...} Sans doute une association dans le but de se soutenir mutuellement fut-elle faite par les aventuriers; peut-être le brigandage, inextirpable dans les Calabres et dans les Abruzzes, n'est-il qu'une branche de la Camorra.
La Camorra, comme la Sainte-Vehme allemande, a son tribunal invisible qui juge et qui condamne, soit les étrangers qui pourraient lui être nuisibles, soit même ses propres membres qui manquent aux engagements pris lors de l'initiation.
Elle a trois degrés de punition :
- la bastonnata ou bastonnade;
- le sfeggio ou coup de rasoir;
- la coltellata ou coup de couteau.
La bastonnade vous met au lit pour quinze jours.
Le sfeggio vous marque pour la vie.
La coltellata vous tue.
Dans nos vieilles comédies, nous disons, en matière de plaisanterie : "Je te donnerai une volée de coups de bâton", et nous ne la donnons pas;
La plaisanterie des peuples méridionaux est plus lugubre. Ils disent : "Je te donnerai un coup de couteau", et ils le donnent.
A Naples, l'homicide est simplement un geste.
Aussi l'homicide n'est-il jamais puni de mort : le bourreau ruinerait la municipalité.
Causeries, 14 mars 1862